Hier, entre 17 et 18 h j'ai fait mon périple pédestre de 2 à 3 km (4 à 6 en aller retour)... mes pas m'ont conduit jusqu'à "Magta3 el Khmamsa" , lieu mythique que les voyageurs d'antan évitaient quitte à faire un long détour, parce que la légende affirme qu'en ces lieux se manifestent aux imprudents et aux téméraires passants, un monstre chevelu qui ne se contente pas seulement de faire peur... Aujourd'hui, dérangé par les bruits de l'autoroute qui passe à quelques dizaines de mètres, le monstre a certainement trouvé un autre endroit à hanter...
J'aime bien faire cette randonnée seul à seul... ça me permet de jouir intensément de tout ce que je sens, entend, goûte, touche et vois... les montagnes qui vallonnent à perte de vue jusqu'à l'horizon, le ciel coloré qui semble à portée de tête, les bruits confus des bêtes qui s'appellent, des plantes qui poussent et du vent qui joue...
Au niveau d"El Korraba" j'ai contemplé la repousse des scilles (el for3ane) et des asphodèles (el belouaz) qui décorent tout le flanc Sud de cette colline boisée qu'on appelle "el Khaloua", qui m'a toujours émerveillé par la diversité de sa flore et d'où je puisais mes asperges (sekkoum) et mes poireaux des vignes (korrath)...
Entre les ramures d'un mûrier sauvage, à l'abri humide des feuilles entrelacées, j'ai surpris une colonie dense d'arum (bgouga) et au milieu de ces plantes à bulbe, un fragile laiteron (gossayba) au vert très tendre, que j'aurais volontiers mangé pour savourer sa douce amertume sans un scrupule de dernière minute face à cette petite plante qui paraissait si heureuse de vivre...
J'ai dû rebrousser chemin à l'appel du muezzin car il commençait à faire sombre pour rentrer chez moi sous une belle fraîcheur crépusculaire avec comme arrière fond céleste un flamboiement apothéotique...
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