vendredi 13 février 2015

L ART DE FORMER DES ASSISTES

Le dispositif d'insertion des jeunes diplômés fait feu de tous bois pour le grand bonheur des jeunes... et des moins jeunes; des diplômés... et des maquignons.

Ce dispositif d'apprentissage à l'assistanat touche aujourd'hui tous les diplômés... et tous les secteurs. Du boulanger au pompiste, du soudeur à la coiffeuse, de la puericultrice au traducteur, de l'avocat au véterinaire, du pseudo-industriel au faux éleveurs.

Esclavage moderne que nous ont inventé nos dirigeants aux initiatives toujours douteuses, il fait courir chaque matin des millions de jeunes qui désapprennent les rigueurs de la discipline en allant faire semblant de travailler 4 heures par jour sans s'astreindre ni au port des EPI ni au respect de la ponctualité... faisant courir le risque de nous donner à l'avenir une masse laborieuse très peu efficace parce que très mal ordonnée et qui nous fera regretter celle que nous avons présentement sur les bureaux et les chantiers et qui nous a contraints à ramener des travailleurs du bâtiment de Chine et de penser à faire appel à des travailleurs de la terre des Philippines...

Ce système totalement irréflechi a par ailleurs introduit chez nos "employeurs" le principe de la main d'oeuvre gratuite et il leur sera bien difficile de concevoir un quelconque métier dans lequel ils devraient prévoir une masse salariale à débourser...

Il faut aussi se rendre compte des aberrations que véhicule ce système qui jette sur le marché de l'emploi réglementé des employés sans "autorisations légale d'exercer" que les professionnels suent sang et eau pour se faire délivrer et qui insère dans des secteurs sensibles des jeunes sans prestation d'aucun serment quand les adultes sont contraints de se plier à toute une solennité administrative avant d'avoir "les coudées franches"...

Mais outre ces mauvaises habitudes qu'il inculque aussi bien aux employeurs qu'à leurs employés et ces risques de "clochardisation" des métiers et professions, ce dispositif qui fait perdre aux jeunes diplômés leurs connaissances acquises au lieu de les renforcer, présente un très sérieux risque pour la morale des affaires qui est déjà au bas fixe...

Il est en effet illusoire de s'attendre à ce que des travailleurs qui savent la précarité de leur situation résistent aux tentations qui leur sont offertes par tous les flibustiers qui se sont faits industriels, promoteurs immobiliers ou importateurs et qui ont déjà gangréné les administrations, le fisc, la douanes, les services de contrôle en tous genres... et il se dit déjà que nombre d'entre ces flibustiers ont réussi à se faire des têtes de pont dans certaines administrations où des dossiers ont été vidés de leurs pièces essentielles moyennant juste rétribution à des jeunes qui savent que leur avenir ne peut être assuré par ce dispositif qui semble avoir été décidé...
pour les besoins de la cause...

Je dis ça comme ça... sans preuves bien sûr... et j'aimerais bien pour ne pas me faire grief de mes reflexions, on se dise que ma goult walou...

samedi 7 février 2015

L'HORREUR COMME FAIRE VALOIR

Il y'a des événements majeurs de l'actualité que je n'ai pas voulu commenter à chaud...

C'est le cas de le dire sans tragique jeu de mots pour l'exécution horrible du pilote syrien par les illuminés de l'EI...

Je sais les susceptibilités à fleur de peau dans ces tragédies... j'irai donc mollo..

J'ose donc dire que:

1- ce n'est pas parce que le crime est horrible qu'on doit faire de la désinformation... le pilote jordanien présenté comme otage était en réalité un prisonnier de guerre ...

2- Il n'était pas venu en touriste mais en soldat et sa mission consistait à bombarder donc à tuer et il devait s'attendre à son sort en montant dans le cockpit de son avion...

3- l'opinion est appelée à focaliser sur l'horrible méthode utilisée par l'EI pour exécuter le prisonnier... et cette focalisation sert les deux parties:
- les coalisés dont on occulte les rôles successifs dans cette guerre, depuis la destruction de l'Irak jusqu'à la subversion en Syrie puis la création de l'EI et enfin le cinéma du "containment" de sa menace, par ceux là mêmes qui sont à son origine.
- la politique de terreur de l'EI qui va de surenchère en surenchère dans l'horreur en espérant, à juste raison impacter sur le moral des forces engagées contre lui... poussant déjà les Emirats à faire défection même en cherchant prétexte dans de vagues considération de refus d'armer les tribus irakiennes...

4- la grosse batterie médiatique mise en branle, permet d'accréditer le caractère sanguinaire sous lequel on présente l'Islam dans une campagne tous azimuts et qui est trop bien soutenue pour ne pas être planifiée; et on remarquera que tous les supports médiatiques qui "analysent" cette horreur, le font non pas en l'imputant à des psychopathes mais en regard de la pratique religieuse qu'on va chercher dans ce qu'aurait fait Khalid Ibn El Walid ou édicté les obscurs fatawistes tout au long du parcours tumultueux de l'islam et de ses déviations...

5- Ce crime horrible exploite l'amnésie collective et est présenté comme le summum de l'horreur, eclipsant opportunément Ghaza et ses enfants écrasés, déchiquetés, écrabouillés par les bombes au moment où on commençait à envisager un procès contre les auteurs de ces carnages...

On comprend que, comme dans le cas Charlie, le crime ne profite pas, dans ces gros montages médiatiques de la terreur, à ceux qui le commettent et que les indignations sélectives ne découlent jamais d'un véritable sentiment de compassion envers les victimes ni d'une sincère révolte devant l'horreur...


Pour le reste, ma goult walou !.

PEAU NOIRE MASQUE BLANC

Il y'a comme un vilain empressement à se faire plus "occidental" que les occidentaux de la part de nombre de "colonisés de l'esprit"...

On montre sa fierté à bouffer du sanglier, à boire du vin dont on cite, pour bien faire comprendre aux autres ses connaissances en la matière, les marques les plus raffinées... On stipendie le voile comme le turban, on vilipendie l'égorgement rituel du poulet et du mouton, on ironise sur les traditions de la pudeur séculaire, et si on n'ose pas se montrer nu, c'est seulement parce qu'on n'a rien à montrer...

Dans cette furieuse remise en cause de pratiques consacrées depuis des siècles et dont on découvre depuis Charlie le ridicule, on outrepasse même les limites de la religion pour défoncer des barrières traditionnelles et on n'hésite plus à faire les plus imbéciles amalgames comme celui qui consiste à faire de tout arabe un musulman, de tout musulman un terroriste, de tout terroriste un arabe...

Les pourfendeurs des traditions séculaires qui se sont levés en masse pour crier le mal funeste que représentent ces traditions et ceux qui les portent oublient que ceux qui fustigent l'autre, dans cet occident coupable de toutes les ignominies, ne s'arrêteront pas en si bon chemin...

Ils n'ont pas admis l'égorgement rituel des bêtes sans même se demander si l'abattage selon leurs normes est moins cruel... Ils en ont fait toute une histoire en oubliant qu'on ébouillante bien des escargots vivants et qu'on fait frire des poissons encore frétillants...

Ils se sont attaqués ensuite aux traditions vestimentaires, vouant aux gémonies les porteuses du moindre foulard, oubliant que les traditions judéo-chrétiennes imposaient le voile parfois intégral et que mères et soeurs se couvrent la tête sans que cela n'ai fait scandale depuis toujours et regardent pourtant avec indifférence ou même sympathie les chapeaux noirs des juifs et leurs kippa dont leurs officiels n'hésitent pas à s"affubler, à l'occasion...

Ils vont finir par arriver à nos traditions culinaires et à nous imposer les caractères latins pour écrire nos langues età nous faire renier notre passé récent d'anticolonialistes après nous avoir fait renier celui d'adeptes de notre religion...

Et à chaque fois, il trouveront chez nous des légions de peaux noires et masques blancs qui frétilleront d'aise de nous culpabiliser sur ce que nous sommes...

Il est vrai, à leur décharge , qu'une frange d'intégristes de la race, de la langue, de la géographie et de la foi se croit investie de la mission de protéger et défendre ces valeurs pourtant changeantes qu'ils appellent "constantes" et qu'au lieu de leur permettre d'évoluer, ils n'hésitent pas à accentuer leurs traits figés, offrant ainsi à leurs détracteurs une belle occasion de les... caricaturer !

Ana goult ce qui me tient à coeur... et que ceux qui trouvent que je serais allé trop loin, d'un côté comme de l'autre, se disent que ma goult walou !

DE L'ENFER AU PARADIS

Je me souviens en filigrane de ces hommes alertes qui passaient par petits groupes en s’enveloppant d’obscurité pour manger dans la djefna commune un couscous ou un berkoukes et faire provisions de galettes avant de se faire engloutir par la nuit de laquelle ils étaient sortis.

Il arrivait que leur chef, dont la bougie donnait au corps accroupi une ombre si grande que le mur de notre chaumière devait s’aider du plafond pour en supporter la projection, disait à ma mère à laquelle les épreuves avaient ôté le sourire : « n’aies crainte, Mère… nous arracherons l’indépendance du pays et tu deviendras une reine et tes enfants des princes »…

Les promesses de la Révolution étaient à la mesure des privations de la colonisation…

A la lourde chape de plomb que la France imposait au peuple, la Révolution répondait par la promesse d’une liberté totale… à la faim par les banquets… aux inégalités par l’uniformité, aux abus extrêmes par une justice absolue et par extension, à l’effort surhumain qui était imposé au peuple par la perspective du repos total et à la discipline de fer par l'anarchie, ou du moins, la fin de toute hiérarchie…

Et quand nous sortîmes de la noire période de domination coloniale, nous le fîmes avec un esprit de partage des bienfaits et des richesses qui bénéficiaient aux occupants, pas avec celui de nouveaux propriétaires soucieux de redoubler d’efforts et de discipline pour construire au mieux cette société et ce pays qui était redevenus nôtres…

Profitant de la manne pétrolière, les gouvernants qui se sont succédés ont continué à développer la logique des commissaires politiques du FLN décrétant que le travail, le logement, le pain, l’eau et plus tard l’électricité, le gaz, la voiture, le diplôme etc étaient des droits dûs par le pays à ses citoyens par le seul fait de leurs statuts de citoyens libres et indépendants…

C’est cette logique qui continue à prévaloir 60 ans plus tard. L’Etat Bouteflikien continue à considérer l’Algérien comme un assisté qui n’a pas encore atteint sa majorité et l’Algérien pour sa part, n’a rien perdu de cette mentalité rentière que lui a donnée une Révolution qui, pour le faire adhérer à ses idéaux de liberté devait lui faire miroiter les promesses d’une vie sans soucis…

Faut il aujourd’hui en vouloir à la Révolution qui a exagéré ses promesses ?
Non… C’est encore cette colonisation qu’il faut incriminer, elle qui a fait vivre au peuple un enfer d’où on ne pouvait le faire sortir qu’en lui faisant miroiter l’espoir du paradis.

Mais maintenant que nous avons épuisé cette rente qui a permis de «lombriciser» le citoyen, il faut que prennent les commandes de ce pays des hommes non tenus par les promesses excessives de la Révolution afin que l’algérien sache que la citoyenneté n’est pas un droit avant que d’être un devoir et qu’elle ne peut offrir que les privilèges arrachés de haute lutte…
… De haute lutte, non pas, comme le pensent les jeunes journalistes conditionnés par le principe du « contestarisme » et qui cautionnent et s’impliquent dans tout mouvement de foule…

De haute lutte sur les terrains des études, du travail, de l’effort, de l’initiative, loin des surenchères politiques, religieuses, identitaires, linguistiques, corporatistes ou syndicales !


Sachant que mon écrit, s'il devait être lu, dérangera bien des gens dans la sphère démagogique du pouvoir et de ses tenants comme dans celle, populiste de l’opposition et de sa presse, je termine en disant à ceux qui seraient tentés par quelque haro sur le baudet que je suis : ma goult walou…